"Je ne puis trouver de termes pour m'exprimer..."
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Ce n'est pas un acte, ce n'est pas un respir, c'est un air si doux dans le centre de l'âme où est la demeure de Dieu, que, comme j'ai déjà dit, je ne puis trouver de termes pour m'exprimer. Mes regards à cette suradorable Majesté portent ce que l'Esprit me lui fait dire, et c'est par lui que je parle, car dans ce langage de l'esprit qui regarde ce commerce, duquel sa divine Majesté veut honorer ma bassesse, je ne puis rien entièrement que par sa motion très simple, et puisqu'elle est si simple, comment ma langue dirait-elle ce que c'est que mon esprit ne peut distinguer pour sa très grande simplicité et pureté et qui va de plus en plus au plus simple?
Relation de 1654
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Vitrail : Christ the King Parish Courtenay, B.C.
Pour moi, mon très cher fils,
Je n'ai plus de paroles aux pieds de la divine Majesté. Mes oraisons ne sont autres que ces mots : « Mon Dieu, mon Dieu, soyez béni, ô mon Dieu ». Mes jours et mes nuits se passent ainsi, et j'espère que sa Bonté me fera expirer en ces mots, et qu'elle me fera mourir comme elle me fait vivre. J'ai dit en ces mots, je dirai mieux en ces respires qui ne me permettent pas de faire aucun acte et je ne sais comme il faut dire quand il est question de parler des choses aussi nues et aussi simples que celles-ci qui consomment mon âme dans son souverain et unique bien, dans son simple et unique tout.
Lettre du 16 octobre 1668
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